Trois enseignements - MEDITATION et Liberté Bouddhisme et Spiritualité

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Trois enseignements

Bouddhisme

Dilgo Khyentsé Rinpoché de 1976 à 1990

Trois enseignements succincts
Par Dilgo Khyentsé Rinpoché

Esprit et pensées

Telles des vagues, toutes les activités de cette vie se sont déroulées sous forme de flux et de reflux incessants, ne laissant finalement qu’un sentiment de vide. Notre esprit est habité d’innombrables pensées, chacune d'elles donnant naissance à beaucoup d'autres, ce qui ne fait qu'augmenter notre confusion et notre insatisfaction.
En examinant de plus près ce qui se cache derrière nos habitudes les plus courantes, nous nous rendons compte que nous sommes fondamentalement incapables d’en analyser correctement les mécanismes sous-jacents. Nous nous comportons comme si toute chose existe réellement, alors qu’il ne s’agit en fait que d’une illusion.
En demeurant davantage attentifs, nous constatons que le monde des phénomènes ressemble à un arc-en-ciel éclatant, multicolore mais sans existence propre.
Lorsqu’un arc-en-ciel fait son apparition, plusieurs couleurs magnifiques parsèment l’azur – sans qu’il nous vienne par contre à l’esprit de s’en draper comme une pièce de vêtement ou comme une parure. Il n'y a rien que l'on puisse tenir dans notre main. Sa survenance ne résulte que de la conjugaison de conditions variées. Le jaillissement des pensées procède de la même manière. Elles n’ont ni réalité tangible ni existence intrinsèque. Il n'y a aucune raison logique qui fasse que les pensées pourraient avoir sur nous une emprise aussi forte, nous réduisant ainsi en esclavage.
L’esprit est ce qui crée le samsara et le nirvana. Il ne faut pas conférer aux pensées plus d’importance que nécessaire. Une fois que l’on reconnaît que les pensées sont vides, l'esprit n’a plus le pouvoir de nous tromper. Mais aussi longtemps que nous leur prêterons une réalité propre, elles continueront de nous assaillir sans fin de la même manière qu’elles continuent de nous tourmenter depuis plusieurs vies. Pour en venir à maîtriser notre esprit, nous devons être conscients de ce qu’il convient de faire et d’éviter. De même, il nous faut demeurer alertes et vigilants en portant une attention soutenue à nos pensées, à nos paroles et à nos actes.
Pour mettre un terme à l’attachement, il est important de comprendre que tous les phénomènes sont vides. Ils sont comme l'eau qui apparaît dans le désert et qui n'est en fait qu'un mirage. La beauté et la laideur des formes ne sont utiles ni ne causent de tort à l'esprit. Libérez-vous de l’espoir et de la peur, de l’attraction et de la répulsion et agissez en toute équanimité en considérant que tous les phénomènes ne sont que des projections de votre propre esprit.
Une fois que vous aurez réalisé la vérité absolue, vous verrez que l'infini déploiement des phénomènes n’est qu'illusion ou rêve. Réaliser que les phénomènes et le vide ne sont qu'un, s'appelle simplicité ou libération des limites conceptuelles.

Soi-même et les autres

Le bonheur des autres devrait nous importer au moins autant que le nôtre. De la même manière, nous devrions formuler le souhait que tous les êtres sensibles, y compris nous-même, puissent s’affranchir de la souffrance.
Ce vœu pourrait se formuler ainsi :

  • « Puissent toutes les créatures vivantes trouver le bonheur et les causes de ce bonheur. Puissent-elles être délivrées de la souffrance et de ce qui en est la cause. Puissent-elles jouir d’une félicité durable à l’abri de la souffrance. Puissent-elles vivre en toute équanimité, sans attachement ou haine d’aucune sorte, animées d’un amour dirigé vers tous sans discrimination. »


Faire preuve d’un amour débordant et d’une compassion à toute épreuve à l’égard de tous les êtres sensibles : voilà le meilleur moyen de réaliser le vœu le plus cher des Bouddhas et des Bodhisattvas. Même si, pour l’instant, vous ne pouvez aider quelqu’un, méditez sans relâche sur l’amour et la compassion jusqu’à ce qu’ils deviennent parties intégrantes de votre propre esprit.
Rappelez-vous toujours que la progression de votre pratique spirituelle n’a de sens que si elle s’opère pour le bénéfice des autres. Soyez humble et gardez en mémoire que tous vos efforts restent des jeux d’enfants comparativement à la vastitude et à l’activité infinies des Bodhisattvas. À l’instar de parents attentionnés envers leurs enfants chéris, n’allez jamais croire que vous en avez trop fait ou assez pour les autres. Même si vous parvenez à conduire toutes les créatures vivantes à la bouddhéité parfaite, pensez simplement que vous avez réalisé tous vos souhaits. En toutes circonstances, vous ne devez avoir aucune attente ou escompter quelque bénéfice que ce soit en retour.
Surmonter l’attachement à l’ego et se mettre au service des autres : voilà l’essence même de la pratique des Bodhisattvas. Celle-ci prend sa source dans l’esprit lui-même et non à travers la perception que d’autres peuvent avoir des gestes que l’on pose. La véritable générosité procède du non-attachement, de l’absence de désir qui représente la discipline ultime ainsi que d’une patience authentique qui se traduit par l’absence de haine. Les Bodhisattvas sont capables de se départir de leur royaume, de leur corps et des possessions qu’ils chérissent le plus, parce qu’ils sont parvenus à surpasser leur pauvreté intérieure en étant inconditionnellement disponibles aux autres.

La pratique

Les enseignements dont nous avons le plus besoin sont ceux qui seront une source d’inspiration et qui renforceront véritablement notre pratique spirituelle. C’est une chose de recevoir des enseignements de grande qualité ; c’en est une autre de se les approprier. Commencez par des pratiques que vous pouvez vraiment intégrer – en développant la détermination de vous affranchir des préoccupations mondaines, tout en cultivant l’amour et la compassion. Plus votre pratique sera stable, plus vous serez en mesure de maîtriser les enseignements les plus avancés.
La seule façon de se libérer du samsara et d’atteindre l’Éveil est encore de s’en remettre à un maître spirituel authentique. Ce dernier est comme la voile qui permet à un bateau de naviguer à vive allure.Le soleil et la lune transmettent leurs reflets instantanément dans l’eau claire et calme. De la même manière, les bénédictions des Trois Joyaux sont toujours présentes pour ceux qui ont une entière confiance en eux. Les rayons du soleil s’étendent partout uniformément; ce n’est qu’à travers une loupe qu’ils se concentrent pour mettre le feu à de l’herbe sèche. Ainsi, lorsque les Bouddhas diffusent partout les puissants rayons de leur compassion à travers la loupe de votre foi et de votre dévotion, le feu des bénédictions enflamme tout votre être.
Les obstacles peuvent s'élever des circonstances de la vie, bonnes ou mauvaises, mais ils ne devraient jamais vous abattre ou vous conférer un sentiment indu de puissance. Soyez comme la terre qui supporte indistinctement toutes les créatures vivantes, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. La terre est simplement là. Vous devriez considérer les difficultés de la vie comme des catalyseurs vous permettant de progresser dans votre pratique spirituelle, de la même manière qu’un feu de jardin n’est pas étouffé par de forts vents mais brille davantage de tout son éclat.
Lorsque quelqu’un vous fait du mal, considérez-le comme un maître qui par sa bonté vous montre le chemin de la libération et mérite votre respect. Priez de pouvoir l’aider de votre mieux, et quoi qu'il arrive ne cherchez pas à vous venger de ce qu’il vous a fait. Il est particulièrement admirable de supporter patiemment le tort et les invectives de gens moins instruits, moins forts ou possédant moins d'habiletés que vous.
Soyez attentifs à ce qui se passe et vous verrez que la personne blessée, celle qui vous fait du mal et le geste nuisible lui-même sont totalement dépourvus d’existence propre. Qui oserait ainsi se mettre en colère devant autant d’illusions? En face de ces phénomènes vides, y a-t-il vraiment quelque chose à perdre ou à gagner? À aimer ou à détester? Tout est à l’image d’un ciel vide. Sachez le reconnaître!
Une fois maîtrisée votre colère intérieure, vous vous apercevrez de l’absence de tout adversaire extérieur. Plus vous porterez attention à votre sentiment de colère et essaierez de vaincre vos adversaires extérieurs, même si vous deviez réussir, cela ne pourrait que favoriser la résurgence inévitable d’autres adversaires qui prendront la place des précédents. Même si vous parveniez à mettre sous votre férule la planète entière, cela ne servirait qu’à faire croître votre sentiment de colère; il ne pourra jamais se dissiper en agissant de la sorte. Le seul véritable ennemi reste la colère elle-même. Pour venir à bout de cette émotion néfaste, il importe de méditer en se concentrant sur la patience et l’amour jusqu’à ce que vous en soyez véritablement imprégnés. Ainsi, vous n’aurez plus d’adversaires extérieurs à vaincre.
Demandez-vous combien, parmi les milliards d’habitants de cette planète, sont pleinement conscients de la valeur et de la rareté de cette précieuse vie humaine. Combien réalisent qu’il s’agit là d’une chance inespérée de pratiquer le Dharma? Combien parmi ceux qui ont songé débuter leur pratique le font véritablement? Combien poursuivent leur pratique spirituelle après l’avoir commencée? Combien parmi tous les pratiquants atteindront la réalisation ultime? Ceux qui y parviendront sont en fait aussi rares que les étoiles du ciel qui brillent en plein jour, comparativement à toutes celles que l’on peut observer la nuit par un beau ciel étoilé.
Aussi longtemps que vous n’aurez pas pris conscience comme l’immense majorité de la valeur de la précieuse vie humaine, vous ne ferez que gaspiller votre vie en activités et en distractions futiles. Au terme de votre existence déjà trop courte, vous n’aurez rien accompli de valable. Cependant, si vous êtes convaincus de l’importance unique que vous offre cette vie, toute votre énergie sera consacrée à pratiquer le Dharma et à en récolter les fruits plus tard. En utilisant au mieux la vie qui vous est donnée, vous pourrez atteindre l’Éveil dans cette existence-ci.
Tous les grands Siddhas du passé étaient, à l’origine, des gens ordinaires. En entrant dans le Dharma, en mettant en pratique les instructions d’un maître réalisé et en y consacrant toute leur existence, ils devinrent capables de manifester les activités des grands Bodhisattvas.
Traduit par le Groupe de traduction Padmakara - De Dilgo Khyentsé Rinpoché

De Dilgo Khyentsé Rinpoché à Khyentsé Yangsi Rinpoché

Dilgo Khyentsé Rinpoché était largement reconnu comme l’un des plus grands maîtres Dzogchen de son temps. Il a enseigné à d’importants maîtres dont Sa Sainteté le Dalaï Lama, Chogyam Trungpa Rinpoché ainsi qu’à d’autres représentants éminents des quatre écoles du bouddhisme tibétain.

Khyentsé Yangsi Rinpoché est la réincarnation de Dilgo Khyentsé Rinpoché qui mourut en 1991 à l’âge de 81 ans. Khyentsé Yangsi Rinpoché est né au Népal le 30 juin 1993.
Trulshik Rinpoche, qui réside dans la région népalaise du mont Everest, était le disciple le plus accompli de Dilgo Khyentsé Rinpoché. Après la mort de ce dernier, ses proches disciples se sont tournés vers Trulshik Rinpoché pour retrouver l’incarnation du maître. Par la suite, Truslhik Rinpoché eut des rêves et des visions indiquant clairement de qui il s’agissait. Au cours de l’une d’elles, un poème de quatre lignes révélait l’année de naissance, le nom des parents et l’endroit où l’on trouverait l’enfant.
Il garda ces détails secrets jusqu’en avril 1995, date à laquelle il envoya une lettre à Shéchèn Rabjam Rinpoché, petit-fils de Dilgo Khyentsé Rinpoché. Le poème indiquait que le père de la réincarnation de Dilgo Khyentsé Rinpoché était Choling Rinpoché Mingyour Déwai Dorjé, et la mère Déchen Peldreun.
Leur fils, né le jour anniversaire de Padmasambhava, soit le dixième jour du cinquième mois de l’année du coq ( 30 juin 1993 ), était, selon le poème, « la réincarnation indubitable de Peljor »(un des noms de Dilgo Khyentsé Rinpoché ).

Le Dalaï Lama confirma qu’il s’agissait bien du tulkou ou de la réincarnation de Dilgo Khyentsé Rinpoché.
Le 29 décembre 1995, une cérémonie simple eut lieu dans la caverne de Maratika au Népal. À cette occasion, le jeune tulkou reçut le nom de Ugyen Tenzin Jigmé Lhundroup, ainsi que des habits.
Sa véritable intronisation se déroula, en décembre 1996, au monastère Shéchèn Tennyi Dargyeling au Népal. Des milliers de personnes de partout à travers le monde assistèrent à l’événement.

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