Méditer - Pour se Transformer
1/3 - Technique de méditation *(Quelle est la position de l'esprit dans la méditation ?)
2/3 - Obstacles à la méditation *(Quels sont les obstacles dans la méditation ?)
* Description de ce qui se passe dans le mental, lors d'une scéance de méditation
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Bienvenue dans le monde des phénomènes, le monde de l'activité mentale.
La méditation consiste à se familiariser avec une nouvelle manière d’être, de gérer ses pensées et de percevoir le monde.
La méditation est un exercice de tout l’être, qui intéresse le corps, le mental individuel et l’esprit universel. Elle a pour but de transformer l’ensemble du méditant. Il s’agit de découvrir ce que l’on est et ce que l’on n’est pas, pour se libérer des insatisfactions de l’existence ordinaire. Car si nous souffrons, (la souffrance fait partie intégralement de la condition humaine) c’est que notre esprit libère des tendances mentales négatives, dues aux trois poisons : l’ignorance, le désir et la répulsion.
On croit souvent que méditer, c'est imposer un état vide à l'esprit, un état sans aucune pensée ni mouvement mental. Cette conception est erronée.
La méditation n'a rien à voir avec le fait de créer un vide volontaire dans l'esprit ; méditer, ce n'est pas arrêter le mouvement des pensées, mais demeurer sans saisie quant à ces pensées. S'il n'y avait pas de pensées ou mouvement conceptuel dans l'esprit, qui méditerait ?
Les bouddhistes ont passé les 2600 ans de leur histoire à étudier le fonctionnement de l’esprit.
Et quelle conception de l'être se fait le bouddhiste d'il y a 2600 ans et celui d'aujourd'hui encore ? C'est celle d'une maison à trois étages : il y a le rez-de-chaussée qui est corporel, le premier étage qui est mental et le deuxième étage qui est spirituel. Les trois composent la maison.
Il est évident, que si vous interrogez un français matérialiste contemporain, lui, ne connaît que le rez-de-chaussée. Les autres étages n'existent pas. La pensée n'est qu'une sécrétion du cerveau, c'est bien connu, et un effet de l'agencement des neurones et de la production d'un certain nombre de molécules qui excitent les neurones.
Il n’y a pas d’âge pour changer : Le Dalaï-Lama décrit souvent le bouddhisme comme étant, avant tout, une science de l’esprit. Cela n’a rien de surprenant, puisque les textes bouddhistes insistent particulièrement sur le fait que toutes les pratiques spirituelles, mentales, physiques ou verbales, ont pour but direct ou indirect de transformer l’esprit.
Cependant, comme dit Yongey Mingyour Rinpoché, «l’une des principales difficultés que l’on rencontre en essayant d’examiner son esprit est la conviction profonde et souvent inconsciente que l’on est comme on est, et que l’on n’y peut rien changer. En vérité, l’état que nous considérons généralement comme «normal» n’est qu’un point de départ, et non le but que nous devons nous fixer. Notre existence vaut mieux que cela ! Il est possible de parvenir peu à peu à une manière d’être «optimale».
Neurosciences et méditation (Implications de ces expériences pour l’avenir)
Peu de gens sont plus qualifiés que Matthieu Ricard pour parler de la collaboration entre science et bouddhisme. Formé à la biologie moléculaire et moine bouddhiste ,il a énormément contribué au dialogue de plus en plus fécond entre scientifiques et pratiquants bouddhistes et il est fréquemment le sujet d’expériences scientifiques sur la méditation.
Bien que le Bouddha enseignât que le cerveau était bien le support physique de l'esprit, il prit soin d'ajouter que l'esprit lui-même n'est pas quelque chose de visible, ni même d'analysable à l'aide de mots.
Tous les phénomènes sont des projections de l'esprit. Mais l'esprit n'est pas dans la tête !
Par des exercices répétés, on peut amener le cerveau à modifier son mode de fonctionnement. Et tout cela pour permettre de mettre fin aux habitudes mentales qui engendrent la souffrance.
"Corps, parole et esprit" : une explication dans la prochaine page.
DEUX TECHNIQUES DE MEDITATION
Le bouddhisme possède de nombreuses techniques de méditation : 2 en particulier (simples et sans danger) qui conviennent parfaitement à l’homme contemporain et occidental à la recherche de la paix intérieure, quelles que soient ses convictions et sa religion.
La concentration sur la respiration mène à la pacification et à la détente de l’esprit (shiné en tibétain, samatha en sanscrit)
L’attention vigilante au corps et au mental menant à la vision pénétrante, développe un esprit lucide et libère des tendances mentales négatives (Ihagtong en tibétain, vipassana en pali).
LE VIPASSANA - une technique de respiration pour être plus attentif a soi-même
LES ORIGINES
C'est l'une des plus anciennes formes de méditation codifiée que nous ait léguée l'Inde antique. Le Bouddha y aurait eu recours pour atteindre l'Eveil, il y a 2600 ans. Il en dicta les règles lors d'un discours, le Satipathhana sutta, ou Quatre fondements de l'attention. Le vipassana a ensuite été utilisé par l'ensemble des écoles bouddhistes, et occupe une place centrale dans la plus ancienne d'entre elles, le Théravada.
LES MAITRES
Le vispassana se transmet par apprentissage. Un nombre incalculable de maîtres, originaires du Sri Lanka, de Thailande et de Birmanie, ont perpétué cette tradition. Né en Inde mais ayant reçu l'enseignement d'un moine birman, Satya Narayan Goenka est celui qui a le plus contribué à populariser le viapassana en Occident, jusqu'à sa mort en 2013.
LES PRINCIPES
Le terme sanskrit vipassana signifie "introspection" ou "vue profonde" ou "vue pénétrante". Il s'agit de porter un regard intérieur sur tout ce qui peut se manifester en soi au moment présent. Une telle vision attentive est censée aboutir à la compréhension des trois "marques" de l'existence que sont : l'insatisfaction permanente, l'impersonnalité des êtres et l'impermanence de toute chose.
LA PRATIQUE
Assis en lotus, demi-lotus, en tailleur ou sur une chaise, (selon sa souplesse), le méditant maintient une position stable, le corps détendu. En se concentrant sur sa respiration, il devra être attentif à ce qui lui traverse l'esprit : sentiment, jugement etc... Le pratiquant focalisera son attention sur ces "distractions", cessant d'observer son souffle. Ainsi celles-ci se dénoueront peu à peu, jusqu'au retour normal de la respiration.
Les Dangers de Samadhi* - Extrait d'un enseignement donné par Ajahn Chah en Angleterre, en 1977. *(état dans lequel l'esprit est fermement fixé sur un seul objet, ou unicité de l'esprit)
Samadhi est capable d’apporter au méditant beaucoup de bienfaits, mais il peut aussi causer beaucoup de mal.
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POSITIONS : D'abord, s'asseoir confortablement.
Ensuite prendre la position appropriée pour nous.
La posture expliquée ici est dite "posture en sept points".
Certes, tous ne sont pas capables de s'asseoir dans la position du lotus pendant des heures.
Ainsi il faut faire attention à ne pas se blesser. Il est préférable de prendre la posture du demi-lotus ou une posture qui nous cause moins de mal afin de mieux pouvoir se concentrer sur l'objet de méditation.
Des jambes : Les jambes sont croisées en posture de lotus, demi-lotus ou à l'Indienne, assis sur un coussin. S'il y a des problèmes de dos ou de genou, s'asseoir sur une chaise.
Des bras et des mains : Les bras ne sont pas pressés contre le corps, mais plutôt espacés pour permettre la circulation d'air. Cela nous aide à rester réveillé. Les mains reposent, deux pouces en dessous du nombril; les deux pouces se touchent légèrement (forme de triangle)
Du dos : Il est très important que le dos soit droit mais relaxe en même temps et non pas rigide. Comme si votre colonne vertébrale était une pile de monnaie ! Cette position semble difficile au début mais elle devient naturelle grâce à une pratique quotidienne. Vous vous rendrez compte des bénéfices: l'énergie du corps se déplace librement; vous restez réveillé et confortable pour de plus longues périodes de temps.
Des yeux : Au début, il est acceptable de fermer les yeux. Cependant, on suggère de garder les yeux un peu ouverts en regardant vers le bas. Les yeux fermés, on pourrait facilement s'endormir ou se laisser distraire par des images, ce qui nuit à la méditation.
De la mâchoire : La mâchoire est détendue et les dents un peu séparées, la bouche aussi détendue, les lèvres se touchant légèrement.
De la langue : le bout de la langue doit toucher le palais juste à l'arrière des dents supérieures. Une telle position réduit la salivation ainsi que le besoin fréquent d'avaler; un tel besoin pourrait nuire à la concentration pendant de plus longues périodes de méditation.
De la tête : Le cou doit être penché un peu vers l'avant pour que le regard puisse se diriger naturellement vers le plancher devant soi. Si la tête est trop penchée vers l'arrière, il y aura des problèmes de vagabondage et d'agitation mentale; si la tête est trop penchée vers l'avant, cela risque de causer une lourdeur, voire le sommeil. Pour une plus grande flexibilité des jambes et des jointures, des exercices de hâta yoga sont recommandés.
Problèmes possibles : Les distractions pendant la séance de méditation pourraient être des pensées sur l'amour, la haine, de belles et de mauvaises expériences, une ou des conversations récentes, le cinéma, la musique, l'argent, un bon repas, etc. Ce n'est pas facile de laisser tomber ce vagabondage mental: nous y sommes trop habitués. Mais il faut se rendre compte que ce vagabondage est l'opposé de la méditation. Si l'on passe notre séance de méditation à flirter avec nos pensées, de tourner en girouette à la surface de notre esprit, on ne pourra pénétrer à ses profondeurs ni développer la concentration nécessaire pour percevoir la réalité telle qu'elle soit, par soi-même.
La respiration : Ainsi, en restant neutre face aux pensées qui surgissent pendant la séance de méditation, on observe la respiration normale. On peut compter chaque expiration jusqu'à 21, et ensuite descendre à 1 pour retourner à 21, et ainsi de suite. Pourquoi 21 ? pour ne pas être tenté de battre des records en comptant ! On observe ce qui se passe intérieurement, sans s'y arrêter, pendant toute la séance de méditation. On revient toujours à concentrer son attention sur la respiration tout en comptant les expirations.
Dites-vous que les pensées sont comme les vagues de l'esprit: ça vient et ça s'en va tout simplement, tout comme les vagues de la mer. Une fois le contrôle de notre esprit acquis, nous pouvons garder l’attention sur l'objet de la méditation, notamment la respiration.
Les textes bouddhistes illustrent la pacification du tourbillon des pensées par la métaphore d'une cascade mugissante qui peu à peu se calme à mesure qu'elle chemine dans la plaine pour finalement rejoindre le vaste océan.
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(série de 10 photos)
Les pensées sont l'activité naturelle de l'esprit, et la méditation n'a pas pour but de les arrêter
Observer les pensées, c'est un peu comme courir après un bus. On atteint l'arrêt au moment où le bus repart, de sorte qu'il n'y a plus qu'à attendre le suivant. Il y a un intervalle, aussi court soit-il, entre les pensées. Dans cet intervalle, vous pouvez faire l'expérience de l'espace totalement ouvert de l'esprit naturel. Puis une autre pensée surgira, et quand elle disparaîtra il y aura un nouvel intervalle.
Le fait d'observer, va vous permettre d'être détaché.
Lorsqu'on est observateur, il se crée automatiquement une distance entre l'observateur et le sujet observé.
La leçon de méditation
Imaginons que nous partons dans la forêt pour étudier le comportement d'un animal sauvage. Nous allons d'abord trouver un endroit où nous installer, puis nous passerons de nombreuses heures à simplement observer le comportement de cet animal. Nous allons nous placer en position de «témoin» et prendrons des notes sur tout ce que nous observons concernant l'animal, mais jamais nous n'interviendrons, jamais nous ne jugerons ce que nous voyons, et quoi qu'il arrive, nous serons heureux, car nous savons qu'en fin de compte nous aurons approfondi notre connaissance sur cet animal.
Tu es cette personne qui part en observation, et l'animal que tu vas observer est ton mental. Installe-toi confortablement en position assise. Sois à l'aise et ferme les yeux. Prend quelques respirations profondes et observe ce qui se passe au niveau des pensées. Regarde tes pensées comme s’il s'agissait d'un film. N'analyse pas tes pensées, ne les juge pas non plus, regarde les simplement et laisse les être là. Observe s’il y a une agitation ou si le mental est calme. Observe comme les pensées apparaissent d'elles-mêmes. Une pensée apparaît et elle en entraîne une autre à sa suite, formant des chaînes de pensées et parfois elles t’embarquent totalement. Il se peut qu'à ce moment là tu oublies totalement que tu es là. Ce n’est pas grave, dès que tu le remarques, redeviens observateur. N'essaye pas de contrôler ou de chasser les pensées, c’est impossible ! L’esprit fabrique les pensées, il est fait pour ça. Ne leur donne pas suite volontairement. Ne les nourris pas non plus. Laisse les simplement être et observe.
Rester détacher d'elles, cela permettra au mental de s'habituer au détachement et nous pourrons ensuite aborder tous les événements de notre vie avec ce même détachement. Faisons cela pendant le temps que nous souhaitons. Ne forcons rien. Si un état de relaxation profonde ou d’embarquement total s'est installé, revenons tout en douceur vers l'activité de l'observateur.
Reprendre «le contrôle de son esprit», c’est être maître de soi-même… et c’est un pas vers la liberté.
L'art de la méditation sur le Lâcher Prise
De l'émission Sagesses bouddhistes
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