L'impermanence
L'IMPERMANENCE
Le Bouddha a recommandé de réciter chaque jour, ces 5 remémorations :
Répéter une phrase comme "La vie est souffrance" peut vous aider à prendre conscience que vous êtes sur le point de vous attacher à quelque chose, mais cela ne va pas vous aider à comprendre la véritable nature de la souffrance ni vous révéler la voie que le Bouddha nous a montrée.
On va commencer par une constatation toute simple : tous les êtres naissent, vivent et meurent.
Alors pourquoi cela pose-t-il un tel problème pour l’être humain ?
Parce que l’être humain est attaché à son propre ego et c’est l’attachement à notre propre ego qui fait qu’on a du mal à accepter qu’il puisse disparaître, surtout si on n’est pas éveillé à la véritable nature de notre existence. Tout le problème est là.
Car dans ce cas là, on va s’efforcer de satisfaire nos désirs en essayant d’obtenir le plus de satisfactions possibles. On s’attache à ce que l’on aime, que ce soit des êtres ou des activités, et on redoute beaucoup de se séparer de ce que l’on a aimé, de ce à quoi l’on est attaché, de ce qui, parfois, a été le sens de notre vie.
Pourquoi est ce si important d’accepter cette impermanence ?
Il est important d’accepter cette impermanence, parce que c’est la véritable nature de notre existence et la véritable nature de tout l’univers : tout ce qui apparaît est voué à disparaître et tout change constamment. Et si nous nous attachons trop à ce que nous pensons être nous-mêmes, et que nous n’arrivons pas à lâcher prise, à laisser passer, c’est comme si nous nagions constamment à contre courant, c'est-à-dire que nous nous attachons à des choses qui nous échappent, nous redoutons des choses qui nous arrivent, et donc, il est important de retrouver un esprit fluide, qui, au lieu de considérer l’impermanence comme un scandale, trouve au contraire que c’est une chose tout à fait normale, naturelle et apprend à s’harmoniser avec elle.
LE "SEUL" VERITABLE ENSEIGNEMENT DU BOUDDHA
Qu'attendez-vous pour être heureux ? Demandez-vous : Pourquoi ne suis-je pas heureux maintenant ?
Une fois ces portes franchies, nous sommes établis dans la concentration, libérés de la peur, de la confusion et de la tristesse.
Les 4 nobles vérités, Bouddha en parle comme une invitation, à ses contemporains et aussi à nous mêmes, à regarder nos vies plus finement qu’on ne le fait.
Par exemple, la première noble vérité, quand le Bouddha dit que la vie est souffrance*.
Quand j’ai entendu cela pour la première fois, je me suis demandé ce que cela voulait dire. Et puis, à bien regarder, j’ai vu qu’effectivement, toute situation, si agréable soit-elle, débouchait à un moment sur la fin. Et donc, il y avait un manque, une frustration. Ou alors certaines situations m’arrivaient que je n’avais pas souhaitées. Et j’ai vu, que ce soit une avidité ou une aversion, que ces deux aspects amenaient de la souffrance. Donc, la vie est souffrance, oui, il faut la vérifier.
*Dans le contexte bouddhiste, le mot "souffrance" fait référence à l'insatisfaction implicite liée à toute existence et pas seulement au contraire du mot "bonheur".
"Notre monde" (et non pas "le monde") dans lequel nous vivons et nous nous attachons, n'est ni stable ni sécurisant. Donc source de frustration et d'insatisfaction. Pourquoi ? ...
Lire en parallèle dans le menu Méditation,
la page "Une recette ?"
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Selon les enseignements du Bouddha, le monde est impermanent. Rien ne dure éternellement. Nos joies et nos peines, le jour, la nuit, notre vie…
Tout, absolument tout, même si ce n'est pas apparent tout de suite, à un début et une fin. Regardons notre corps… A chaque seconde nous changeons sans peut-être même nous en apercevoir. Mais sur une période de trente ans, cela est plus apparent.
Comme le dit le sage Guialtsé Thogmé Zangpo : "Toutes ces joies, toutes ces peines sont comme de continuels dessins sur l'eau. Pourquoi courir après elles ? S'il vous faut absolument penser à quelque chose, examinez de quelle manière tout ce qui est réuni se disperse et tout ce qui est accompli se défait".
Comme le Bouddha l'a dit : "De toutes les empreintes de pas, celles de l'éléphant sont les plus larges ; de toutes les réflexions, la plus importante est celle qui porte sur l'impermanence."
Si toute vie va inévitablement vers sa fin,
nous devons durant la nôtre,
la colorier avec nos couleurs
d'amour et d'espoir.
Marc Chagall
Par contre, notre conscience, bien malgré nous, souvent, refuse de voir les choses de cette manière. Ainsi, s'attacher aux phénomènes et aux objets est une cause de souffrances puisque nous croyons (ou plutôt refusons de voir) qu'ils vont se détruire : d'où l'origine de notre souffrance.
Un rappel des 4 nobles vérités du Bouddha : 1) La vie est souffrance, 2) la cause de la souffrance est l’attachement, 3) la souffrance cesse quand l’attachement cesse, 4) il existe une méthode pour que la souffrance cesse.
METTRE LA SOUFFRANCE AU MEME NIVEAU QUE L'IMPERMANENCE ET LE NON-SOI EST UNE ERREUR
L'impermanence et le non-soi sont universels. La souffrance n'est pas.
Il n'est pas difficile de voir qu'une table est impermanente et qu'elle n'a pas de soi séparé de tous les éléments "non-table", comme le nuage, la pluie, la forêt, l'arbre, le bucheron, le menuisier etc...
Mais est-elle souffrance ?
Une table ne nous fera souffrir qui si nous lui attribuons les caractères de permanent ou de séparé.
Lorsque nous sommes attachés à une certaine table, ce n'est pas la table qui nous fait souffrir. C'est notre attachement.
L’enseignement du Bouddha a été transmis jusqu’à nos jours, par des lignées de disciples qui en ont réalisé le sens. L’impermanence est une notion extrêmement importante. On la retrouve bien sûr dans le bouddhisme mais aussi dans d’autres philosophies, particulièrement orientales. Mais on la retrouve aussi maintenant en physique moderne.
Tout ce nouveau monde s’approprie cet enseignement : de même que les empreintes de l’éléphant sont les plus remarquables, l’impermanence est l’idée la plus importante sur laquelle un scientifique et un bouddhiste puisse méditer. Les phénomènes portent naturellement en eux le ferment de leur propre transformation et aucune entité immuable ne peut exister dans l’univers. Rien de permanent, donc, tout est impermanent, en transformation tout le temps et on fait partie de cette transformation. S’adapter, c’est nécessairement se transformer dans un monde qui lui-même est toujours en transformation.
Si nous comprenons que la nature des choses est d'être en mouvement et en perpétuel changement, alors nous accepterons plus facilement les transformations, et celles-ci ne seront plus une source de souffrance.
La compréhension de l'impermanence est d'autant plus cruciale qu'elle est la clé permettant d'accéder à la vérité absolue : la vacuité, c'est à dire l'absence de réalité des phénomènes.
Mais cette vérité ne peut être réellement appréhendée que par les êtres totalement accomplis. Finalement, les 2 vérités, relative et absolue, sont comprises comme étant indissociables au sein de l'unité de l'apparence et de la vacuité.
Mais qui sommes-nous ?
Je vous renvoie au Menu "Méditation"
à la page "Que suis-je ?"
Un ensemble de "parties" produit le concept de véhicule. Comprendre les 5 agrégats :
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Mourir avant la mort
J'aime cette image. Peut-être la mort est-elle le réveil du rêve de la vie ?
Avez-vous déjà envisagé les choses sous cet angle ?
Vivre avec une image de soi est souvent une mort vivante, une souffrance qui s'attache à notre esprit. La dépression, le désespoir, le désir sont une mort. Nous pouvons donc vivre une mort vivante ou bien nous pouvons mourir à ce type de mort avant la mort du corps en nous éveillant du rêve de la vie et des images erronées d'"un soi".
Tous les matins je récite :
"Tout ce qui est mien, que j'aime et qui me fait plaisir passera."
Alors pourquoi souffres-tu ?
Et je souffre quand je refuse tout changement.
Tandis que si mon esprit est ouvert à la vie, je constate que c'est souvent dans les périodes où je souffre que je grandis !
Maintenant pour que notre vie et mort à nous, notre manière d’être dans la vie et dans la mort deviennent nirvâna, cela suppose un travail, une pratique, un cheminement qui est la voie du zen.
Comment Maître Dôgen s’est-il exprimé sur ce sujet, notamment dans un de ses textes ?
Principalement il enseigne que la vie ne devient pas la mort. Tout cela est lié à une notion de temps. Pour Dôgen, le temps n’est pas une dimension séparée de l’existence et l’existence est faite d’apparitions et de disparitions successives et donc le temps est fait d’une succession d’instants et chaque instant a sa valeur absolue. Il ne devient pas l’instant suivant.
Ce ne sont que des états finalement !
Ce sont des états. Il dit : "L’hiver ne devient pas le printemps. L’hiver est l’hiver et le printemps est le printemps." De la même manière, une bûche dans un feu ne devient pas cendres. Il y a d’abord l’état de bûche et ensuite l’état de cendres. Il en est de même pour notre vie. C’est très important parce que, si on voit l’impermanence comme quelque chose de continu, il n’y a pas moyen de se transformer et de se libérer. Cela veut dire que l’enchaînement est déterministe. Tandis que si l’impermanence est faite d’instants séparés, il y a la possibilité entre un instant et l’autre instant d’introduire un changement.
Il dit également : "Pratiquez la méditation comme si vous entriez dans votre cercueil." Qu’est ce que cela signifie ?
Cela veut dire qu’au moment d’entrer dans son cercueil, d’abord il n’y a plus un instant à perdre pour se préoccuper de toutes sortes de choses qui nous font perdre notre temps dans la vie quotidienne. Donc, à ce moment là, il faut véritablement se concentrer sur : "Qu'est ce qu’il est essentiel de vivre et de comprendre en ces quelques instants qui me restent à vivre ?" Et du coup, c’est l’occasion d’un regard beaucoup plus intense sur notre vie et donc de réaliser l’éveil.
C’est pour cela que souvent des êtres qui ont fait des expériences proches de la mort, qu’on appelle les fameuses NDE, font des expériences de quasi éveil, spontanément, du fait qu’ils sont confrontés avec la mort imminente. Il serait vraiment dommage d’attendre de devoir mourir pour s’éveiller et donc pouvoir ensuite mener une vie à partir de cet éveil. C’est ce qu’enseigne le zen. Et pour cela, il faut vraiment pratiquer avec une très grande intensité la méditation et pas seulement la méditation, mais toutes les choses de notre vie, comme si nous étions en train de vivre, pas nos derniers instants, mais disons, notre dernier jour et que, par conséquent, tout devient important à ce moment là. Tout est vécu profondément. Et finalement, à partir de cette perspective de la mort, c’est la vie elle-même qui s’en trouve rénovée.
Tout ce qui apparaît, disparaît et n'est pas soi.
Si je ne suis ni le corps, ni le mental, que suis-je ?
Mais, en réalité, quand on comprend l’impermanence, on est déjà en train de comprendre le non attachement qui, lui, est la clé de la libération de la souffrance.
Car, lorsqu’on s’attache à quelque chose, c’est qu’on croit que cette chose est bonne et sera toujours bonne et nous apportera durablement le bonheur. Quand on comprend, en profondeur, qu’il y a l’impermanence, d’une part, on sait que cette chose ne sera pas toujours bonne, et d’autre part, même si on s’y attache, on sait que le bonheur passera.
Donc, comprendre l’impermanence, c’est lâcher l’attachement. Lâcher l’attachement, c’est lâcher la cause de la souffrance. On est déjà en train d’éradiquer le problème de base. La profonde compréhension de l’impermanence est une clé.
De l'impermanence naît la conscience du moment présent.
De la renonciation naît la joie de ce moment présent.
Voir à ce sujet l'histoire de Milarépa...
L'impermanence "suite"
<<< Cliquez sur l'image de Milarépa