Mars 2018 - MEDITATION et Liberté Bouddhisme et Spiritualité

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Mars 2018

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MOURIR pour VIVRE
Mourir, c’est se vider totalement l’esprit de ce que l’on est, c’est se vider de ses aspirations, des chagrins et des plaisirs quotidiens. La mort est un renouvellement, une mutation, où n’intervient pas la pensée qui est toujours vieille. Lorsque se présente la mort, elle apporte toujours du nouveau. Se libérer du connu c’est mourir, et alors on vit !
L'homme a séparé la vie de la mort. L'intervalle entre vivre et mourir est une peur : c'est elle, la peur, qui crée le temps de l'intervalle. Vivre, c'est notre torture quotidienne, ce sont les insultes de tous les jours, les souffrances et un état de confusion avec des ouvertures occasionnelles sur des mers enchantées.
C'est ce que nous appelons vivre, et nous avons peur de la mort qui met fin à ces misères. Nous préférons nous accrocher au connu plutôt que d'affronter l'inconnu, le connu étant notre maison, nos meubles, notre famille, notre travail, ainsi que notre caractère, notre savoir, notre célébrité, notre solitude, nos dieux.
En somme, le connu est cette petite entité qui tourne incessamment autour d'elle-même, dans les limites de son existence amère.
Nous pensons que vivre a toujours lieu dans le pésent et que mourir est un événement qui nous attend dans un avenir lointain. Mais nous ne nous sommes jamais demandé si la bataille quotidienne de nos existences peut vraiment s'appeler vivre. Nous voulons des preuves de la survivance de l'âme, nous écoutons les déclarations des voyants, et les résultats des recherches métapsychiques, mais jamais, au grand jamais, nous ne nous demandons comment vivre, comment vivre dans la délectation et l'enchantement d'une beauté quotidienne.
Nous avons accepté que la vie soit cette agonie et cette désespérance : nous nous y sommes habitués, et nous pensons que la mort doit être soigneusement évitée. Mais cependant, la mort est extraordinairement semblable à la vie lorsque nous savons vivre. On ne peut pas vivre sans mourir psychologiquement toutes les minutes. Cela n'est pas un paradoxe intellectuel, je dis bien que pour vivre complètement, totalement, chaque journée, en tant qu'elle présente une beauté toute neuve, on doit mourir à tout ce qu'était la journée d'hier, sans quoi on vit mécaniquement et l'on ne peut savoir ce qu'est l'amour, ce qu'est la liberté.
En général, nous avons peur de mourir parce que nous ne savons pas ce que veut dire vivre. Nous ne savons pas vivre, et, par conséquent, nous ne savons pas mourir. Tans que nous aurons peur de la vie, nous aurons peur de la mort. L'homme que la vie n'effraie pas ne craint pas de se trouver dans une insécurité totale, car il sait qu'intérieurement, psychologiquement, il n'y a pas de sécurité.
Ne pas rechercher une sécurité, c'est participer à un incessant mouvement où la vie et la mort sont une seule et même chose. L'homme qui vit sans conflits, qui vit en présence de la beauté et de l'amour, ne craint pas la mort, car aimer c'est mourir.
Si vous mourrez à tout ce que vous connaissez, y compris votre famille, votre mémoire, et à tout ce que vous avez vécu, la mort devient une purification, un procesus de rajeunissement ; elle confère une innocence et seuls les innocents sont passionnés, non les croyants, ni ceux qui cherchent à savoir ce qu'il advient après la mort.
Pour savoir réellement ce qui se produit lorsqu'on meurt, on doit mourir... cela n'est pas une plaisanterie : on doit mourir, non pas physiquement, mais intérieurement, mourir à ce que l'on a chéri et à ce qui a provoqué de l'amertume. Si l'on a su mourir à l'un des plaisirs que l'on a eus, le plus insignifiant ou le plus intense, peu importe, mais d'une façon naturelle, sans contrainte ni argumentation, on sait ce que veut dire mourir.
Mourir, c’est se vider totalement l’esprit de ce que l’on est, c’est se vider de ses aspirations, des chagrins et des plaisirs quotidiens. La mort est un renouvellement, une mutation, où n’intervient pas la pensée qui est toujours vieille. Lorsque se présente la mort, elle apporte toujours du nouveau. Se libérer du connu c’est mourir, et alors on vit !
d'après un enseignement de Jiddu Krishnamurti (1895-1986)

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