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Philosophie
LA ROUE DE LA VIE
ainsi tourne la roue du samsara
La croyance dans la réincarnation signifie que l’esprit d’une personne retourne sur terre dans un autre corps. La nouvelle sorte de vie est déterminée par la manière dont on a vécu sa vie précédente ou par son karma et peut déboucher sur une renaissance négative ou positive. Le tout et le but est en définitif de mener une existence suffisamment pure pour finir par connaître l’illumination et l’état de nirvana.
A SAVOIR !
La réincarnation
n'est pas la renaissance
d'un "moi".
Par Matthieu Ricard
Tout d’abord, il faut bien comprendre que ce qu’on appelle réincarnation dans le bouddhisme n’a rien à voir avec la transmigration d’une “entité” quelconque, rien à voir avec la métempsycose. Tant que l’on raisonne en termes d’entités plutôt que de fonction, de continuité de l’expérience, le concept bouddhiste de renaissance ne peut pas être compris. Il est dit “qu’aucun fil ne passe au travers des perles du collier des renaissances.” Il n’y a pas identité d’une “personne” au travers de renaissances successives, mais conditionnement d’un flot de conscience.
Conventionnellement, on peut parler de conscience “individuelle” même si l’individu n’existe pas en tant qu’entité autonome, car l’absence de transfert d’une entité discontinue ne s’oppose pas à la continuation d’une fonction.
Que le moi n’aie pas d’existence propre, n’empêche pas qu’un courant de conscience particulier ait une histoire et des qualités qui le distinguent d’un autre. Qu’il n’y ait pas de barque flottant sur le fleuve n’empêche pas celui-ci d’être chargé de sédiments, pollué par une usine de papier, ou clair et limpide. L’état du fleuve à un moment donné est l’image, le résultat de son histoire. De la même façon, les courants de conscience individuels sont chargés du résultat des pensées positives ou négatives, ainsi que des traces qu’ont laissé dans la conscience les actes et les paroles issues de ces pensées. Le propos de la pratique spirituelle est de purifier ce fleuve, peu à peu.
L’état ultime de limpidité est ce qu’on appelle la réalisation spirituelle. Toutes les émotions négatives, tous les voiles qui masquent la connaissance sont alors dissous. Il ne s’agit pas d’anéantir le “moi”, lequel n’a jamais véritablement existé, mais simplement de démasquer son imposture. En fait, si ce “moi” avait une existence intrinsèque, on ne pourrait jamais le faire passer de l’existence à la non-existence.
LA MORT DANS LE BOUDDHISME :
ENTRE RUPTURE ET CONTINUITE
Question : Comment concilier la continuité apparente d'une vie et la discontinuité des phénomènes qui la composent, et concevoir la transmission des samskara d'une vie à l'autre ?
Réponse : L'aspect discontinu des événements physiques et mentaux n'exclut pas la continuité si chaque événement discret est lié aux événements précédents et suivants par la causalité.
En outre, on voit bien bien que n'importe quel événement ne produit pas n'importe quel autre événement ;
une pousse d'orge ne surgira pas d'un grain de riz ! Il existe donc bien un ordre des choses déterminé par l'enchaînement et la convergence des causes et des conditions.
Cette causalité, le Bouddha l'a appelée la coproduction conditionnée des phénomènes.
C'est donc la coproduction conditionnée qui est la clé de l'existence et qui fait qu'on ne peut dire d'une chose qu'elle existe réellement ni qu'elle n'existe pas du tout.
Nagarjuna déclare ainsi : C'est la coproduction conditionnée que nous entendons sous le nom de vacuité. C'est là une désignation métaphorique, ce n'est rien d'autre que la voie du milieu.
La mort est donc une rupture dans l'apparence et non dans l'enchaînement des causes karmiques au sein du continuum psychique de l'individu. Elle est la fin d'une forme composite et non celle de l'esprit qui poursuit sa route.
UN CHEMINEMENT PUREMENT INDIVIDUEL
Bien que le soi individuel soit une pure projection mentale dénuée d'existence propre, chaque être animé participe d'une série psychique ou d'un continuum mental singulier qui suit son cours.
Même si des êtres distincts communiquent et interagissent, le karma qu'ils véhiculent leur est propre en ce sens qu'il est ancré dans leur psychisme et ne peut être échangé contre le karma d'autrui.
Chaque être animé est ainsi amené à purifier sa propre série psychique en cheminant vers l'Eveil. Et quand un bodhisattva s'éveille pleinement, c'est un nouveau bouddha qui rejoint les autres bouddhas précédemment accomplis, sans pour autant fusionner avec eux dans un Eveil unique.
Son Eveil a la même nature parfaite que celle des autres bouddhas, mais il manifestera cependant des oeuvres et des apparences qui lui seront propres, afin d'aider les êtres illusionnés immergés dans le samsara et ses tourments.
Le bouddhisme est donc bien différent de l'hindouisme ou l'atman, le soi individuel éternel, une fois affranchi de l'illusion qui le lie à la matière, se libère du samsara en se fondant dans le Brahman unique, sa nature absolue, comme une rivière se jetant dans l'océan.
Le Bhavachakra
constitue un récit édifiant :
Sa combinaison de karma, de samsara et de nirvana s’adresse aux croyants simples et en ce sens, chaque représentation constitue une vraie «bible»
Trois animaux sont représentés au centre de la roue. Ils correspondent aux 3 péchés capitaux (poisons à l’origine du samsara) Il s’agit d’un coq, d’un serpent et d’un cochon qui représentent le désir, la haine et l’ignorance.
Le cercle qui les entoure est mi-clair mi-obscur. Dans la partie obscure sombrent ceux qui ont un mauvais karma, les autres grimpent dans l’un des 3 paradis positifs. On peut donc renaître dans 6 mondes.
Les 3 sous mondes se composent - du royaume des animaux (chacun est sujet aux agressions et au risque de se faire dévorer) – des esprits affamés (règne une faim et une soif permanente) - et de l’enfer de Yama (des feux de l’enfer brûlent et les êtres y sont maltraités par les démons)
A la mort, l’esprit qui est éternel quitte l’enveloppe charnelle du corps et arrive dans un sous monde, le Bardo (étape entre le décès et la naissance) L’esprit y subit toutes sortes de visions, agréables ou effrayantes, en fonctionde la manière dont on a vécu sa dernière existence.
Les 3 mondes positifs sont ceux des demi-dieux (en conflit permanent avec leurs voisins) – le monde des humains (un bon point de départ pour atteindre le nirvana) – et le monde des Dieux (ou règne l’insouciance)
Rien n’est durable et lorsqu’une portion de mérite est utilisée, la divinité doit s’en aller renaître à nouveau.
Le bord extérieur de la roue montre les 12 nidanas, qui sont les liens du cycle des renaissances. (12 maillons de la chaîne de l’existence conditionnée)
Diaporama sur les 12 chainons
Pour visualiser, cliquez sur les boutons
Précisons les correspondances symboliques des 12 causes interdépendantes :
La roue est tenue par un monstre Mahakala ou grand temps – Kala signifie temps – on le compare à la mort. D’une part il est éternel, sans début ni fin, s’écoulant sans cesse, d’autre part son éternité est divisée en portions qui sont définies comme la vie de l’homme. Ce qui symbolise Yama, la mort ou l'impermanence, une roue évoque le caractère tourbillonnant de l'existence conditionnée et présente les différents éléments du samsara.
Pour se rappeler des liens, on peut dire que :
L'ignorance amène à créer les karmas qui doivent s'imprimer sur un continuum produisant les agrégats et les six consciences, permettant au contact d'entraîner la sensation qui produira l'attachement, puis la saisie, ce qui créera le devenir, engendrant la naissance à partir de laquelle la vieillesse et la mort seront expérimentées.