L'enseignement 2/2
Qu'attendez-vous pour être heureux ? Demandez-vous : "Pourquoi ne suis-je pas heureux maintenant ?
Le véritable enseignement du Bouddha se trouve dans Les trois sceaux du Dharma (l'impermanence, le non-soi et l'essence de l'être) et sont des clés pour nous aider à franchir les trois portes de la libération (la vacuité, l'absence de signes et l'absence de désir).
La première porte : la vacuité
Vide veut toujours dire vide de quelque chose. Un bol est vide de soupe. Nous sommes vides d'un soi séparé, indépendant. Nous ne pouvons pas exister par nous-mêmes. Nous ne pouvons qu'inter-être avec tout le reste dans le cosmos. La pratique est là pour nourrir notre vision profonde de la vacuité tout au long de la journée.
La fleur ne devient pas vide lorsqu'elle meurt. Elle est déjà vide dans son essence. Avec le regard profond, nous voyons que la fleur est faite d'éléments non-fleurs : la lumière, les nuages, la terre et la conscience. Elle est vide d'un soi séparé et autonome.
Chaque fois que nous regardons notre assiette de nourriture, nous pouvons contempler la nature impermanente et dépourvue d'un soi de la nourriture. C'est une pratique profonde qui peut nous aider à voir les origines interdépendantes. Celui qui mange et la nourriture qui est mangée sont tous deux vides par nature, c'est pourquoi la communication entre eux est parfaite. Tous ceux que nous aimons seront malades et mourront un jour.
Nous observons notre corps et nous voyons toutes les causes et les conditions qui lui ont permis d'exister - nos parents, notre pays, l'air et même les générations futures. Nous transcendons le temps et l'espace, le moi et le mien, pour goûter la vraie libération.
La deuxième porte est l'absence de signes
Signe, signifie ici une apparence ou l'objet de notre perception. Si par exemple l'eau est dans un récipient carré, son signe est d'être carrée. Lorsqu'on ouvre le réfrigérateur pour prendre de la glace, le signe de cette eau est solide. La neige et la vapeur qui s'échappe de la bouilloire sont toutes deux H2O. Que H2O soit ronde, carrée, liquide, gazeuse ou solide dépend des circonstances.
On touche l'eau quand on dépasse les signes d'eau pour voir la nature véritable de l'inter-être. Il y a trois étapes : eau, non-eau et eau véritable. L'eau véritable est l'ainsité de l'eau. Elle est par essence, libre de naissance et de mort. Si l'on parvient à toucher cela, rien ne pourra plus nous effrayer.
Les politiciens, les éducateurs ont besoin de pratiquer l'absence de signes. On met trop de jeunes en prison. C'est en méditant sur l'absence de signes que l'on comprendra d'où vient leur violence. A quoi notre société, nos familles, nos écoles ressemblent-elles ? Pourquoi faudrait-il rejeter la faute uniquement sur les jeunes ? Pourquoi ne pas reconnaître notre coresponsabilité ?
L'absence de signes n'est pas qu'une idée. En regardant profondément nos enfants, nous voyons tous les éléments qui les ont produits. Ils sont ce qu'ils sont en raison de notre culture, de notre économie, de notre société et de ce que nous sommes. Nous ne pouvons pas nous contenter d'accuser nos enfants quand les choses vont mal. De nombreuses causes et conditions y ont contribué.
La troisième porte est l'absence de désir
Il n'y a rien à faire, rien à réaliser. C'est l'enseignement bouddhiste en matière d'eschatologie. Est-ce que la rose doit faire quelque chose ? La rose ne se construit pas en fonction d'un idéal personnel ou collectif. Elle devient ce qu'elle est, elle est ce qu'elle devient. La rose n'a rien à faire pour devenir la rose, elle est déjà la rose. L'exigence est la même pour l'homme en chemin : devenir ce qu'il est et être ce qu'il devient.
Connaître le bonheur à chaque instant, c'est l'esprit de l'absence de but. Sinon, nous risquons de tourner en rond pour le restant de nos jours. Nous avons tout ce dont nous avons besoin pour faire de l'instant présent le plus heureux de notre vie, même si nous avons pris froid ou mal à la tête. Nul besoin d'attendre de ne plus avoir le rhume pour être heureux. Les rhumes font partie de la vie.
Oui, il y a de terribles souffrances partout dans le monde, mais cela ne doit pas nous accabler. En pratiquant la pleine conscience, nous essayons d'aider de notre mieux, en ayant le coeur en paix. L'angoisse ne résout rien. Ce n'est pas parce que vous vous inquiétez vingt fois plus que cela va changer la situation du monde. Même si les choses ne sont pas comme on voudrait qu'elles soient, on peut être satisfait, en sachant que l'on fait de son mieux et que l'on va continuer de le faire.